"Ça va être très difficile": des élus ruraux préoccupés par l'obligation de parité aux municipales pour les communes de moins de 1.000 habitants

Pour les communes de plus de 1.000 habitants, l'obligation de parité aux élections municipale est une réalité depuis 2013. Grande nouveauté du scrutin qui se tiendra l'année prochaine, cette règle s'appliquera désormais pour toutes les communes, y compris pour celles de moins de 1.000 habitants. Au total, près de 25.000 communes sont concernées par la loi promulguée ce jeudi 21 mai.
Mais le texte n'est pas vu d'un bon oeil par certains élus ruraux. Une manifestation était même organisée devant le ministère de la Ruralité vendredi pour signifier leur opposition. Leur crainte? Que la constitution de listes municipales, exercice déjà compliqué dans ces villages, ne tourne encore plus au casse-tête.
Interrogé par BFMTV, Roger Wallart, maire de Tournedos-Bois-Hubert, un village de 450 habitants dans l'Eure, fait partie des élus s'inquiétant de ce nouvel impératif. Son équipe municipale actuelle est composée de neuf hommes contre deux femmes. Les listes devant compter au minimum neuf candidats dans les communes de 100 à 499 habitants, quatre d'entre eux devront donc être des femmes pour les municipales de 2026. "Même la moitié de neuf, ça va nous être très difficile...", anticipe-t-il.
Maire de la Barben et président des maires ruraux des Bouches-du-Rhône, Franck Santois souligne pour sa part auprès de BFMTV le possible problème d'éthique que pourrait poser la loi. "Par exemple si on prend (une commune de) 200 habitants et que l'on prend quatre personnes par famille, ça fait 50 familles. À un moment donné, vous risquez de vous retrouver un peu bloqué parce que vous allez devoir 'taper' dans les mêmes familles" pour constituer une liste, avance-t-il.
La loi, bien qu'ajoutant des critères supplémentaires, est cependant jugée essentielle par Joseline, employée à la mairie de Tournedos-Bois-Hubert: "Ça me paraît très important que les femmes soient représentées. C'est dommage qu'on ait besoin de passer par une loi pour que ça se fasse."
Jugeant aussi "dommage" d'arriver à la parité par le biais d'une obligation légale, Michel Fournier, président de l'association des maires ruraux de France, juge cette évolution logique.
"Cette obligation existe dans tous les autres scrutins nationaux, départementaux, régionaux, même communaux au-delà de 1.000 habitants", rappelle-t-il sur BFMTV. "Je ne vois pas pourquoi on ferait une exception dans notre catégorie de moins de 1.000 habitants."
Lui-même maire du village des Voivres, dans les Vosges, il met en avant le fait d'avoir présenté une liste paritaire depuis sa première élection en 1989 alors que sa commune compte moins de 300 âmes. Pour lui, l'obligation de parité "n'est pas une contrainte de plus" et l'opposition au texte tient du "conservatisme local". Le problème majeur pour constituer une liste est à son sens plus large: "Aujourd'hui il y a de moins en moins de personnes, hommes ou femmes, qui veulent s'engager pour faire fonctionner la société."
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